Sophie Moreau - Coll. « Défilés et Motifs »
Native d’Etampes, enfant, je suis l’enseignement du dessin et de gravure à l’Atelier de la Vigne avec Gaétan Ader et Patricia Legendre.
Poursuivant des études de droit avec une spécialisation en propriété littéraire, artistique et industrielle, le lien avec le domaine artistique n’est pas totalement absent.
Quelques années se sont écoulées, j’étudie la peinture et le pastel sec avec Franck Senaud aux ateliers d’Evry puis à l’atelier d’art plastique d’Etampes, dans une joyeuse émulation de peintres.
J’aiguise mon regard, apprenant à saisir les formes faites de pleins et de vides, les proportions, la composition du tableau, l’équilibre des couleurs, le jeu des écritures, l’audace, en évoluant librement.
Mes œuvres sont figuratives.
J’aime travailler dans mon atelier à partir de croquis et documents ou sur le motif.
Je n’ai pas « un » sujet, c’est le regard posé qui m’intéresse, saisir « l’essentiel », ne pas alourdir le propos, simplifier.
Plutôt axée sur des séries, déroulant une histoire, abordant différemment un même thème, je cherche à capter une ambiance, une lumière, une présence, un passage, une ondulation, un contour flou.
Le sujet m’inspire, sans s’imposer totalement.
Mon imaginaire et mes écritures prennent place, affûtés par les contraintes que je m’impose, une sous-couche, un cadrage inattendu …
La peinture comme une écriture.
L’ébauche d’un tableau offre aussi de jolis imprévus, des simplifications, que j’aime à saisir.
Pour les œuvres que je veux plus graphiques, dans la lignée d’une figuration qui se bâtit sur un hasard abstrait, je travaille à l’encre et au pastel sec pour une écriture nerveuse.
Tout comme la couleur ne peut être séparée du tissu, ni le motif du pli, chez Sophie Moreau la couleur et la forme ne sont pas dissociables.
Rouges et parme, cramoisis d'alizarine et noirs, vert de chrome et jaune de Naples semblent se tisser ou s'effiler.
Et reconstruire des histoires.
Dans la lignée d'une figuration qui se batît sur un hasard abstrait, le fond devient actif et fait surgir une main qui saisit ou abandonne, un échange de regards, l'intensité d'un pas sans en dire davantage et pourtant le spectateur y voit beaucoup.
La peintre ne modèle pas. Elle est loin du créateur de mode finalement, à l'extrême opposé du processus de création : dans le plissé, le contour flou, l'ondulation, l’ourlet du trait et son relachement, dans le vif. Les modèles de Moreau bougent, marchent, se déhanchent, se cachent et se révèlent. Ces motifs sont vivants. La couleur pliée et dépliée forme une flèche qui nous atteint au coeur de l’émotionnel.
Franck Senaud. Septembre 2014